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L'appel de l'âme: La Chute - première partie

La route a été bien longue vers le retour à moi-même.

De surprises en surprises, parfois là où je m'y attendais le moins.

En septembre 2015, employée dans une grand entreprise où je gagnais très bien ma vie pour un travail qui me laissait le temps de créer - j'allais répéter en studio tous les midis - et d'écrire des poèmes et chansons pendant mon temps de job, mon âme me lança un appel.

 

Une semaine après la signature du CDI que j’avais longtemps hésité à accepter - pour moi le CDD me permettait de rester libre - je reçus donc un appel des plus importants.

Mais je l'ignorais.

 

Je ne compris pas de suite.

Au moment de me servir un café et au milieu d'une grande conversation avec un des dirigeants de l'entreprise:

je tombai.

Du haut de mes escarpins soigneusement cirés et de ma jolie robe rose corail à la mode, mes cheveux bien peignés et mon rouge à lèvres ajusté à ma tenue, je dégringolais, lamentablement, glissant sur le sol mouillé et me répandant de tout mon long, ma tête esquivant de justesse l'embrasure de la porte et ma colonne vertébrale heurtant de tout mon poids le carrelage.

 

Je restais là, au sol, incapable de bouger, surprise par la chute, inerte.

Le chef en question se précipita pour m'aider à me relever.

 

J'avais mal au dos et aux épaules, j'étais sonnée.

Je répondis que ça allais, on m'apporta un verre d'eau. Je me surprenais moi-même à faire des blagues, ironisant sur ma gaucherie "bon, pour les championnats de patin à glace artistique j'ai encore de l'entraînement " etc.

Je ne fis aucune déclaration d'accident de travail, après tout quelques heures plus tard la douleur s'était estompée et je ne voulais pas faire de vague.

 

Pourtant, en moi, quelque chose s'était cassé.

Je me sentais choquée, comme après un accident de voiture.  Envie irrépressible de pleurer, de m'effondrer.

Étais-ce la honte, l'aveu de ma faiblesse? Je ne saurais le dire.

 

L'émotion et la douleur passèrent. Pour quelques temps.

Puis je commençais à éprouver régulièrement des douleurs inflammatoires au niveau des cervicales et des épaules.

Ma nuque se bloquait. Mon corps semblait être en ferraille, chaque mouvement était difficile, et moi-même plutôt vive et électrique dans mon énergie, je me sentais perpétuellement raide et amorphe, ce qui affectait également mes liens à mon conjoint et mon fils.

 

En janvier j'allai chez l' ostéopathe. Il retourna tout mon corps: je senti ma colonne faire un tour à 360° sur elle-même, à l'image d'un poisson, d'un dragon d'eau intérieur qui se remettrait à sa place.

Mon corps semblait enfin guéri. Je comprenais au vu de la séance les douleurs et l'impact de la chute.

Pourtant cela ne suffit pas.

Je reçus un coup de téléphone pour me proposer d'exposer un mois plus tard. Cette invitation inopinée me ravit.

Je dis oui sans hésiter, me rendant compte en raccrochant que j'avais bien peu de choses nouvelles à exposer.

Mais la chance et la joie prirent le dessus et "j'allais bien trouver une solution".

 

J'avais toujours fermement défendu corps et âme le figuratif, dessinant à l'infini des personnages, animaux, paysages... pour me retrouver ce soir-là, complètement inspirée par des couleurs et des formes géométriques, qui ne passaient non plus par mon mental, mais par le "sentir". Je fermais les yeux et les voilà qui arrivaient: des structures cristallines colorées, des formes informes, à l'encre, aux pastels.

Parallèlement je relisais "dialogue avec l'Ange" de Gitta Mallasz. Et je me sentais remplie, vivifiée par la force de ce livre.

J'intitulais l'exposition "Jerusalem", mot pointé au hasard en ouvrant le livre de Gitta.

Tout faisait sens alors. Les structures étaient pour moi des grilles énergétiques, révélant des champs d'énergie à un moment donné. Jerusalem résonnait bien, en lien avec la ville céleste et idéalisée.

 

J'avais une exposition prévue et en quelques jours je réalisais une vingtaine d’œuvres sans sentir la moindre fatigue ni douleur.

Et voilà que la veille du vernissage j'étais à nouveau bloquée, paralysée du dos et de la nuque.

Comment pourrais-je assurer le vernissage, et surtout l'installation, l'accrochage?

 

Le lendemain toute la journée au travail bloquée, je m'installais péniblement dans le taxi mes œuvres sous le bras.

Arrivée sur le lieu d'exposition sans m'en rendre compte je grimpais ici et là, sur une échelle pour accrocher et ajuster les travaux. Plus aucune douleur.

Le soir, une des visiteuses en discutant sur le titre m'apprit que "Dialogue avec l'ange" était l'un de ses livres de chevet.

Clin d’œil cosmique. ou angélique devrais-je dire.

 

Passé cet épisode, je compris que c'était en lien avec mon travail. Mais comment m'échapper? Car quitter ce job pour trouver la même chose ailleurs ne servirait à rien. Comment trouver une solution, car maman d'un petit de 4 ans et mon compagnon au chômage il semblait suicidaire de se retrouver sans rien, surtout avec un loyer parisien et sans parents pour m'aider le temps de trouver autre chose.

Les douleurs revenaient, accompagnées de crises d'angoisses, de maux de tête et de ventre.

La journée, un mal-être indicible s'emparait de moi parfois, je m'enfermais dans les toilettes quelques longues minutes pour souffler.

J'étais en anémie, j'avais beau prendre des compléments en fer et magnésium rien n'y faisait. Infections à répétitions, tout mon corps était en feu. Une fatigue immense, sauf quand je m'adonnais à la musique.

 

Je mis également en cause l'alimentation, l'équilibre acido-basique, le manque de sommeil, le couple, etc. malgré toutes mes tentatives, rien ne changea.

Puis un cauchemar me fit prendre conscience qu'il fallait aller voir plus loin.

 

"J'étais en bateau avec de beaux jeunes hommes un peu simple d'esprit mais très courageux. Nous voguions vite sur des eaux limpides et le soleil nous accompagnait. Puis ce fut la nuit. Nous arrivâmes à proximité d'une côte, ravagée par une catastrophe écologique, et nulle part où accoster. Je me sentais désolée. Les hommes à mes côtés n'avaient pas la maturité nécessaire pour m'aider à prendre une décision. Soudainement, alors que je rapportais des fruits pour eux, une lumière surgit du ciel. Je levais la tête: un vaisseau spatial en forme de triangle nous observait, et sa lumière inquiétante nous cherchait dans l'ombre."

 

Je me réveillai, en sueur. Je sentis autour de moi des choses dans la nuit. Voilà longtemps que ça n'était pas arrivé; j'avais oublié ces visites nocturnes désagréables. C'est elles il y a des années plus tôt qui m'avaient poussées à rencontrer un chamane pour la première fois, face à l'incompréhension de mon entourage.

Je dormis très mal et ne put me rendre au travail le lendemain matin.

 

J'avais abandonné le chamanisme d'un point de vue collectif depuis ma grossesse, je ne participais plus guère aux cérémonies, blasée des jeux de pouvoir que j'y observais et ne voulant pas y prendre part. Beaucoup de personnes en mal d'exotisme s'y adonnait avec autant de ferveur qu'une religion, et je préférai rester libre dans mes convictions et dans ma pratique.

Je préférais être seule, dans mon coin, avec les esprits compatissants.

Mais voilà que mon guide qui m'avait conseillé de ne pas m'engager dans cette entreprise -conseil que je n'avais pas suivi-  avait disparu.

Il m'avait conseillé de "faire confiance" au grand esprit, et de rester libre.

Mes craintes par rapport à l'argent et à une présupposée sécurité matérielle avaient eu raison de moi. Je signais ledit contrat malgré tout.

L'aigle avait disparut de mes visions et voyages, laissant la place aux loups, dont j'avais du mal à comprendre les messages.

Tantôt agressifs tantôt sauvages, ils me poussaient à m'affirmer, à prendre ma place de femme.

 

"C'est quoi être une femme?"

J'avais beau avoir lu sur le sujet, dévoré Clarissa Pinkola Estés, Simone de Beauvoir,  je n'en savais rien.

"Tu n'es pas assez féminine" "tu es un vrai mec", remarques de l'adolescence à mon égard qui résonnaient encore à mes oreilles.

J'avais intégré les codes au travail. Bien s'habiller, bien se coiffer (enfin à ma façon hein).

Et toujours un brin de maquillage. Les responsables, les "chefs" -garçons/ hommes- aiment bien nous voir maquillées.On imagine pas aller au travail sans le gloss et le petit coup de mascara.

On pourra me rétorquer qu'il faut s'en moquer, mais travailler en plein centre de Paris sans jouer le jeu peut vite devenir l'enfer. J'ai testé. Remarques désobligeantes, exclusion..

Tout est fait pour vous faire sentir que vous ne collez pas à ce qu'on attend de vous.

Être polie (ce qui diffère de "bien élevée!!"); Toujours douce, drôle dans ce qu'on attend de moi, efficace, lisse, joyeuse.

Pas trop déborder. rentrer dans le moule. en apparence du moins.

Tous les midis je fonçais au studio et hurlait sur le piano grinçant et vieillissant ma rage de vivre, mon feu intérieur que je sentais s'éteindre dans ces vêtements trop étriqués pour moi.

 

Le loup apparaissait dans mes rêves, il rôdait autour de moi en grognant, me rapportait un lapin chaud et fumant. Quand je le dansais il me faisait hurler comme lui, je me sentais sauvage et il était extrêmement difficile de retourner travailler ensuite.

(je chamanisais à ma pause déjeuner, en rentrant à la maison ou en studio de répet, quand on aime on ne compte pas ^^ c'était mon petit secret à moi, ma bulle magique).

L' énergie du loup vient du chaos, il amène la force destructrice,  en vue du renouveau. Sa danse peut être beaucoup plus éprouvante et difficilement contrôlable que celle de l'aigle par exemple, qui est très structurée.Je l'ignorais encore alors.

 

Voyant que les douleurs duraient dans le temps, et les sensations de malaise la nuit s'accentuaient, je fis appel à un homme medecine (un chaman) du Clan du Loup que j'avais rencontré des années auparavant. Je choisi cet homme pour sa simplicité et sa douceur, sa façon d'aimer chacun sans essayer d'être supérieur aux autres.

Nous fîmes un soin par Skype.

Quelle joie de sentir les corbeaux, les vents, les esprits des grands-pères et grands-mères intervenir par son chant de guérison jusqu'à mon petit appartement parisien, jusqu'à mon âme. C'était comme le retour à la maison.

 

Et puis parmi les nombreuses choses que nous échangèrent, il me demanda pourquoi j'avais arrêter de participer aux huttes, à ces choses-là. Il m'encouragea à contacter une connaissance que nous avions en commun, pour me relier à nouveau à la terre, à la nature.

Je sortis m'aérer un peu après le soin.

Un vol de corneilles passa au moment où je sortais au-dessus de notre immeuble en croassant.

L'énergie de guérison était arrivée à destination. Je souris.

 

Deux semaines passèrent. Je me mis à recevoir des chants. J'écrivais bien des chansons et poèmes depuis quelques temps, mais là c'était différent. C'était comme une voix extérieure chuchotée à mon oreille. Des chants qui ressemblaient à ce que j'avais pu apprendre auprès de Lorenza Garcia quelques années auparavant, mais accompagnés de phrases en français.

Cela me prenait souvent la nuit, au moment de tomber dans le sommeil.

 

Mon fils contracta une grosse grippe avec des pics de fièvre intenses. Je reçus un chant pour le guérir.

Je n'y croyais pas trop et n'osais pas le chanter plus que ça. Je contractais la grippe de façon sévère également et délirais pendant trois jours, incapable de m'alimenter ni de me lever. Pendant un de mes délires, je vis une forme étrange, comme un long humanoide gris, qui venait du mur et voulait me prendre mon énergie. Je résistais, disais non. Il revenait à la charge.

Je ne sais comment je fis, mais à un moment je réussis à affirmer NON de façon "énergétique" sans un mot, simplement dans ma façon de me mettre en boule. La chose passa son chemin. Le lendemain j'étais guérie.

 

Suite à cet épisode je compris qu'il était plus que nécessaire de me remettre en route vers moi-même et que j'avais besoin d'aide.

Il est bon parfois de cheminer seule quelques temps, et il est bon d'admettre lorsque nous avons besoin d'aide.

Je contactai la personne qui organisait justement un week end à Pâques autour du féminin.

Je m'inscrivis, curieuse et ravie de retrouver d'autres femmes, sans attentes, juste la joie de me retrouver en pleine nature.

 

la suite ICI

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Brune (mardi, 23 octobre 2018 22:35)

    Okkkk....dur d'écrire juste après avoir lu. Je suis sonnée. Mais en même temps impossible de ne pas partager cette émotion. J'admire à la fois la sincérité de ton propos la justesse des mots que tu choisis pour nous l'écrire et tout autant leur simplicité et la spontanéité du ton employé. Bon quand on lit ma phrase on se dit que c'est un peu normal que cela me parle parce que j'ai un petit boulot à faire du côté de la simplicité ! lol. Bref, émue et touchée de ton témoignage. Je suis touchée parce que je t'aime de lire la souffrance, l'errance, les doutes et les peurs, la maladie, puis le courage et la détermination dont tu as fait preuve. Je suis touchée par ton honnêteté. Pas surprise mais émue. Hâte de lire la suite. Magnifique et intense, intense partage. Merci. Tendrement, Brune.

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