Déesses aux serpents.. L'appel de la Déesse

Il y a six ans je me rendais à une cérémonie chamanique..

J'ignorais alors qu'un grand voyage commencerait pour moi.. à la rencontre de mon féminin mais également de l'énergie universelle de ce féminin.

Je me suis assise, les yeux bandés, détendue.

 

Les chants d'ayahuasca (plante Mère sacrée en relation étroite avec les serpents) commencèrent, ainsi que les instruments.

Je n'ai rien pris, simplement j'ai laissé les chants pénétrer en moi.

Je n’attendais rien, j'étais venue simplement, sans attente.

L'homme médecine qui guidait la cérémonie nous invita à visualiser une coupe, que la Terre Mère remplirait d'un don.

 

"Je vois des crayons qui tombent du ciel: je suis toute heureuse comme je suis artiste.

Mais la coupe s'enflamme et les crayons deviennent des serpents, moi qui en ai peur sur le coup je suis dégoutée, je recule.

Les serpents remplissent la coupe, grandissent et m'entourent. Puis ils dansent avec moi, nous devenons, nous sommes Un.

Je me mets à danser tenant deux serpents, un dans chaque main;

je deviens charmeuse de serpents.

Je danse avec grâce parmi eux, et j'avance ainsi, entourée et les tenant toujours dans mes mains,

les brandissant avec puissance vers le ciel.  Je me sens forte, douce, sensuelle, belle et alerte, les sens aiguisés.

Comme si à cet instant, je suis exactement la femme que je dois être.

Je me vois ensuite sous Terre, dans une grotte,de la fumée d'encens sort par un trou en forme de triangle, vers le ciel.

 

Une étrange scène s'offre à moi: Une femme immense, dans toute sa splendeur, aux seins énormes, d'une beauté incroyable, charnelle, pleine de vie et de fertilité, forte et sensuelle à la fois, géante marche nue dans une nature sauvage, à un rythme soutenu -elle semble courir tout en allant si lentement- je me laisse porter par sa force, par sa grâce, son amour.

Je n'ai jamais connu cela auparavant.

Je m'abandonne à celle que je reconnais comme ma mère. Une déesse, LA DÉESSE.

Un homme - immense également - vêtu seulement d'un casque et d'une cape, apparaît et disparaît à sa guise, comme dans une danse irréelle. Il dégage une force tranquille, certaine.

Je m'enfonce dans les collines et je les regarde.

Ils se rencontrent, s’enlacent. Ils font l'amour dans cette nature archétypale. C'est une union sacrée.

Ils se reposent ensuite, l'un contre l'autre. Je suis contre eux, comme leur fille, je suis aimée inconditionnellement, bénie.

Je ressens leur force vitale, leur amour de la vie. (....)

 

Je me sens remplie de force, mais sans bien comprendre tout ce que j'ai vu.

Sans faire le lien, je commence la pratique du yoga Kundalini, comme appelée par ce yoga mère, qui permet entre autre d'éveiller la Shakti (puissance féminine créatrice, représentée comme un serpent endormi au niveau du coccyx).

Il faudra une année supplémentaire, des douleurs chroniques violentes pour que je revienne au chamanisme et à l'appel de mon féminin blessé.

La vision de la femme démembrée que j'ai rencontré avec son dragon (je raconte ça ici) aiguise ma curiosité. Mais rien ne fait sens à ce moment là, pas encore.

Non, il faut de grosses migraines qui viennent accentuer la douleur de mes règles pour que je commence à chercher, et à écouter.

Je pars en voyage chamanique pour essayer d'obtenir des réponses:

 

"Pourquoi ai-je autant mal?

Je descends au cœur de la terre.

Un immense puits, et un œuf. Des serpents. Des dizaines de serpents dansent tout autour de l’œuf. Je dois m'assoir sur la terre. La terre se relie à moi et je me relie à elle, par l'en bas, par mon sexe en contact avec elle.

Les serpents dansent tout autour de moi. Ils pénètrent par mes bras, dansent dans mes veines et reprogramment mon ADN. Je vois des filaments blancs, d'argent et d'autres noirs.

La terre me parle "Écris, écris ton histoire. " Je réponds que mon histoire n'est en rien intéressante. Elle m'affirme l'inverse.

Chaque histoire peut aider l'autre. Vous êtes tous reliés. Le féminin, cherche."

 

Je commence alors mes recherches.

A ce moment là il n'y a pas encore cet engouement actuel pour le féminin sacré, et les livres en librairie ne débordent pas sur le sujet.

 

Je tombe alors sur une image qui me coupe le souffle: La Déesse Serpent!

 

Je reste scotchée sur l'image de cette statuette.. C'est la même posture que celle de ma vision.. J'oriente alors mes recherches sur le lien du féminin avec le serpent.. et là je trouve mon bonheur..

 

Je m'aperçois qu'énormément de déesses sont reliées ou ont un lien aux serpents, et aux dragons.

Symbole de la Terre en tant que Force primitive.

 

Force de vie et de mort, on retrouve ce symbole chez quasiment tous les peuples premiers, et sur le caducée d’Hermès..

Symbole de guérison , de transmutation, de magie..

Renaissance voir d'immortalité..mais aussi de sexualité, fécondité..

Beaucoup de dieux masculins ont une forme "serpentine", tandis que plusieurs déesses "sont accompagnées" des serpents..

En Europe Angitia, ainsi que la déesse aux serpents de Crète (photo ci-contre), Déméter, Athéna, Hécate, mais aussi et surtout Isis en Égypte..

 

Les serpents viennent du monde souterrain (le monde des défunts) là où s'opère "les transformations"..

C'est l'une des énergies archétypales les plus anciennes.

 

Lorsqu'on s'intéresse aux mythes et à l'histoire, on s'aperçoit rapidement que la plupart des cultes chtoniens (=liés à la terre Mère) ont été remplacés par des cultes solaires et masculins.

 

Le féminin a été brisé, chassé, relégué aux ombres, au démoniaque (par exemple l'oracle de Delphes dédié à apollon était originellement un lieu de culte chtonien, ou Hécate qui était une déesse ancienne très populaire dans certains villages, mais suite à une invasion lorsqu'elle fut remplacée par Zeus, les pouvoirs politiques craignirent les "sorcières-prêtresses" de cette divinité et acceptèrent alors qu'elle puisse continuer à être adorée mais à la condition que ce soit en tant que déesse "souterraine"..).

La femme semble avoir été victime de sa puissance.

Comme si trop gênante on l'avait relégué dans l'ombre, pour la façonner, l'abîmer, la museler.

 

Ou bien certaines femmes auraient-elles abusé de leur autorité spirituelle?

Le film Médée de Pasolini (la critique très intéressante concernant le sacré/ profane) le montre magnifiquement bien dans sa "beauté barbare", et Robert Graves dans "Les mythes grecs"  relate un bon nombre de sacrifices et cérémonies rituelles où la reine (l'abeille) donnait la mort annuellement au roi (un homme) en l'émasculant ...

J'imagine que cela ne devait pas être jojo pour les hommes témoins du spectacle et qu'ils en ont certainement aussi gardé une empreinte énergétique de peur et d'infériorité spirituelle pendant quelques temps..

 

Et il est probable également que pendant longtemps les hommes aient "ignoré" faire parti de la création: la représentation du serpent phallique en témoigne. La plupart des récits originels de la création tels qu'ils nous sont parvenu parlent toujours d'une femme et d'un vent, ou d'une femme et d'un serpent ou d'un dragon..

L'homme n'est pas figuré, ni représenté en tant que tel, peut être n'était-il pas encore "conscient" de sa participation active dans la procréation..

C'est l'enjeu de notre monde actuel: reconnaître la divinité de l'être humain dans sa double polarité, dans sa complémentarité, sans que l'un soit supérieur à l'autre.

 

A cette période j'entends parfois une femme murmurer à mon oreille. "Je suis Celle qui monte et qui descend"... "Je suis l'initiatrice.."

Puis elle se dévoile et me souffle son nom; il s'agit bien de Perséphone.

J'éprouve un certain malaise à m'intéresser à Elle.

Cela peut paraître idiot, mais mes croyances limitantes du bien et du mal, la peur de la mort, sont encore bien ancrées à ce moment -là.

Peur aussi que ce soit mon ego qui s'emballe, peur vis-à-vis de la Déesse des Morts ( pourquoi elle me parle à moi? ).

 

Et pourtant Elle m'appelle.

Je l'entends me parler. Je la sens parfois la nuit auprès de moi, ou quand je marche seule dans la rue.

Je sens qu'elle veut être reconnue, remembrée.

Qu'elle demande à être honorée à nouveau, pas en tant qu'idole, mais en tant qu'énergie sacrée et vivante au sein de notre ADN...

Au sein de chaque être humain. Elle veut émerger, jaillir.. Revenir à la surface.

Bien que je pense que la déesse s'est montré à moi sous cet aspect car j'y étais sensible (peut être à vous serait ce une autre énergie archétype) Perséphone peut être une clé pour reconstituer l'histoire du féminin sacré car elle porte en elle les nombreuses blessures du féminin (violée, inceste, fille-mère, infanticide, arrachée à son statut de vierge, enlevée, relations toxiques mère-fille, concurrence entre femmes, jalousie etc..)

Cette déesse montre le chemin : elle n'est pas seulement déesse des Morts.

Elle est l'enfant, la jeune fille, la tisserande créatrice, la jeune mère, puis l'épouse, l'initiatrice, la reine et enfin l'ancienne, la femme squelette...

Elle porte le chemin de toute femme en elle.

Elle nous montre aussi que les deux polarités de l'humain doivent être équilibrée pour ne pas devenir destructrices:

-l'homme qui enlève et séquestre/ L'époux qui lui permet d'accéder à sa souveraineté

-la mère aimante et nourricière/ la mère qui refuse de voir sa fille devenir une femme et faire sa vie

 

Perséphone porte en elle l'énergie de toutes les autres déesses grecques: par exemple d' Artémis, d'Athéna, Héra, Hestia, Hécate, Aphrodite et Déméter.. (une année de recherche j'en reparlerai sur un article dédié!) 

Finalement les déesses des grecs anciens ne serait qu'une seule et même énergie qui aurait été fragmenté, fragilisée, divisée..

pour mieux la réduire.

Pour mieux diminuer le féminin et l'anéantir.

Perséphone en témoigne: le féminin, la fille de la terre, celle qui porte toutes les promesses de l'avenir se retrouve enlevé, et termine sous terre. Déméter blessée se transforme et n'est plus que l'ombre d'elle-même.

 

Je tombe à ce moment là sur Marija Gimbutas (archéologue et préhistorienne) et son livre "Le langage de la déesse": une seule et grande déesse aurait été adoré pendant des millénaires dans tout le bassin européen... synchronicité des découvertes..

 

La puissance du  féminin se réveille aujourd'hui chez beaucoup de personnes, pas seulement les femmes.

Les serpents et leur énergie sont porteurs de purification, de guérison et de magie, de transformation.

Ils peuvent nous soutenir dans ce travail intérieur en équilibrant les polarités.

L'énergie du serpent permet de transmuter tous les poisons, toutes les "mal-a-dit".

Comme les dragons, ils ont longtemps été craint, décriés, et surtout décrit comme maléfiques car symboles du féminin sacré (Lilith, Lucifer, la femme "mauvaise et infernale" des symbolistes par exemple) de la sexualité et de la Terre.

Ils sont les porteurs de Vie. Ils soutiennent la matière dans la forme.

Voilà pourquoi c'est lui qui propose le fruit à Eve.

Il apporte l'expérience de la Vie.

L'entrée dans la matière , l'incarnation.

Sans lui pas de vie sur terre. Nous serions toujours en Éden (le monde parfait de l'esprit).

Ou plutôt Adam et Eve, car il n'y aurait aucune humanité.

Je m'arrête là .. Il y a tant à dire!

Ils sont en toute chose.

 

La déesse aux serpents apparaît lorsqu'il est temps de s'éveiller à son féminin d'une autre façon que celui dont notre famille ou la société nous a habituée.

Croire qu'être une femme c'est seulement se faire "belle", être sexuellement désirable, être réceptive et calme, être mère.. est destructeur pour l'être illimité que nous sommes.

 

Elle vient nous réveiller, ainsi que nos potentiels, ceux issus de nos lignées que nous pouvons ignorer.. Elle nous invite à écouter la voix du féminin, et à prendre en main notre destin, à agir...

 

Le féminin, contrairement à ce qui est dit, ce n'est pas le "yin". Le yin et le yang sont constamment mal interprété, vulgarisé.

Croire que le féminin serait yin et le masculin yang c'est porter à confusion l'énergie de vie, c'est accentuer la séparation.

 

Pour faire simple, le yin est le mouvement "descendant" de l'énergie, tandis que le yang est le mouvement "ascendant". Cela n'a rien à voir avec la polarité sexuelle!

Ce qui signifie que le masculin et féminin sont à la fois yin et yang!

 Pendant longtemps en chine le yin a volontairement été assimilé au féminin pour marquer celui-ci de valeur "passive", et faire croire aux femmes qu'il s'agit de leur essence profonde que d'être "sombre, humide, faible".. et accepter la domination masculine!

Ne mélangeons pas tout!

 

Personnellement depuis que je suis en contact avec cette énergie du féminin ancestral et sacré je suis devenue plus "yang", car j'ai davantage conscience de qui "je suis" et de "comment le manifester" ! Je l'ai vécu au début comme l'émergence d'une énergie de vie et de création très forte, parfois difficilement soutenable..  Loin des clichés new age, le féminin sacré ce n'est pas seulement les fleurs et les bougies (même si j'adore ça!) C'est parfois difficile comme chemin, boueux.. (du coup les bougies et les fleurs ça fait du bien aussi <3!) Honorer et manifester qui nous sommes demande du courage et de la foi.. Pas en un dieu ou une déesse lointaine.. mais en Nous.. en l'humanité.. Parce que chacun nous portons ces blessures à notre manière. Et qu'il est temps de guérir!

 

Les serpents, comme des hochets, viennent nous secouer

C'est ce qu'on appelle le féminin sacré.

Je ne ferais pas de longue description ce que c'est. J'ai lu tout et n'importe quoi à ce sujet..

C'est votre force féminine profonde, votre Shakti, votre puissance endormie.

Je ne la décrirai pas davantage, car à mon sens cela ne se décrit pas, cela se vit.

Et c'est à chacune, chacun de ressentir ce qu'est pour elle/lui ce Féminin Sacré.

Si je le décris je l'enferme!

La recherche de l'Unité.

Reconnaître dans la matière et l'esprit que ni le masculin ni le féminin ne sont supérieur, mais Unité, Amour.

Dans notre monde, le féminin est régulièrement bafoué, non reconnu. Être femme c'est souvent être une proie, être faible, être silence, polie. Et tout ce qu'on sait. D'ailleurs pour les hommes à polarité dominante yin ce n'est pas évident non plus, souvent moqué, aussi bien par les hommes que par les femmes ils peinent à trouver leur place.

J'ai à cœur de croire que nous vivons actuellement ce printemps où le féminin surgit à nouveau des profondeurs, pour que s'équilibre les pulsions de vie et de mort, et qu'émerge le masculin et féminin équilibré.. sur la voie du sacré.

 

Cette Femme, Femme Déesse, Énergie du féminin Sacré.

Je sens son appel en mon ventre, Femme Sauvage, Femme Démembrée, Femme libre, Magicienne, Gardienne des Mystères du Temps, de la Vie et de la Mort...

C’est l'Amour avec un grand A.

Elle nous invite toutes à danser avec Elle, et nous montre qu'Elle n'est rien de faible ni de fragile.

Elle est transformation, changeante comme le vent, elle ondule entre la matière et l'esprit. Créatrice, créatrice créatrice!

Son rire est immense, sa colère terrible, son amour et son pardon infini. Elle accueille et ne cède pas.

Je l'aime de tout mon cœur.

"Elle change tout ce qu'Elle touche, Tout ce qu'Elle touche change"

 

L'ADN, double serpent en forme de caducée, clé de notre humanité et divinité contient toutes nos mémoires, notre potentiel.

A nous de l'activer, le réveiller.

A nous d'emprunter l'escalier magique et de chevaucher le dragon...

 

Être femme..

 

Il n'y a pas une voie.. Il y a Ta Voie, celle que tu emprunteras à la recherche de Toi-m'aime..

Danse, écris, cours, chante, crée des rituels, peins, dessine, joue.. invente, crée! Aime, embrasse et embrase-toi autour du feu..

Trouve ta voie, la seule, la tienne.. Toi seule connais le chemin..

Le serpent te guidera!

 

avril 2019/ Laurence Vian - texte protégé.